Que sont les métabolites et pourquoi il y en a dans l’eau?
Les métabolites sont des substances chimiques issues de la dégradation des substances actives pesticides dans l’environnement. Certains, très solubles dans l’eau, ont une tendance à s’infiltrer dans les sols et à contaminer les eaux souterraines. De plus, des métabolites persistants dans l’environnement peuvent se retrouver dans l’eau potable plusieurs années après l’interdiction de la substance active dont ils sont issus.
La distinction que nous avons faite avec les cartes “substance actives” et “métabolites” montre que la contamination de l’eau potable par les pesticides est en grande majorité due à la présence de métabolites.
Quelles limites réglementaires pour les métabolites dans l’eau ?
Des limites différentes s’appliquent aux métabolites en fonction de leur classification en tant que pertinents ou non pertinents.. Selon la définition officielle, un métabolite est pertinent “s’il y a lieu de considérer qu’il pourrait engendrer un risque sanitaire inacceptable pour le consommateur”.
- Pour les métabolites “pertinents” ainsi que pour les métabolites dont la pertinence n’a pas encore été évaluée: la limite de qualité réglementaire est fixée à 0,1 µg/L pour chaque métabolite. Si cette limite est dépassée pour au moins 1 métabolite, l’eau est déclarée “non conforme”
- Pour les métabolites “non pertinents”, la valeur “indicative” de 0.9 µg/L doit être respectée. Le dépassement de cette valeur n’est toutefois pas considéré comme une “non conformité” par les autorités.
Que se passe-t-il si une limite de qualité est dépassée pour une substance active, un métabolite pertinent ou le total pesticide “réglementaire” ?
Si au moins une des 2 limites de qualité appliquées aux pesticides (0,1µg/L et 0,5 µg/L) est dépassée, l’eau est déclarée “non conforme”, conformément à l’article R1321-2 du code de la santé publique.
Ces limites n’ont pas de signification sanitaire. Ainsi, un dépassement d’une limite de qualité indique une dégradation de la qualité de l’eau mais ne signifie pas qu’il y ait un risque sanitaire avéré. Une dérogation prefectorale doit être accordée pour autoriser la distribution d’une eau non conforme aux limites de qualité et des mesures doivent être prises pour rétablir la qualité de l’eau au plus vite. Cette dérogation, d’une durée maximale de 3 ans renouvelable une fois maximum, est possible uniquement si aucune valeur sanitaire n’est dépassée.
Pour savoir si les concentrations représentent un risque pour la santé, les autorités se réfèrent à des valeurs sanitaires qui correspondent à la concentration maximale d’une substance ne présentant pas de risque pour la santé. Pour de nombreuses substances, il n’y a pas assez de données pour établir une valeur sanitaire.
Selon les recommandations des instances sanitaires, l’eau doit être interdite à la consommation, par précaution, dans 2 situations:
- en cas de dépassement de valeur sanitaire, si elles existent
- en cas de dépassement de la limite de qualité, en l’absence de valeur sanitaire
C’est pourquoi, les seuils déclenchant la recommandation de restreindre la consommation de l’eau ne sont pas les mêmes selon les substances.
Que se passe-t-il si la limite indicative de 0,9 µg/L est dépassée pour un métabolite non pertinent ?
Le dépassement de cette valeur n’est pas considéré comme une “non conformité” par les autorités. Toutefois, cette limite indicative doit tout de même être “satisfaite” depuis le 1er janvier 2023 selon l’article R1321-3-1 du CSP.
Les mesures de gestion proposées par la DGS pour des dépassements de la valeur indicative de 0.9 µg/L sont: (mesures indiquées dans une lettre adressée aux préfets et aux agences régionales de santé le 9 novembre 2022 et citée dans le rapport de 3 inspections générales):
- le maintien ou le renforcement du suivi de la qualité de l’eau
- l’information de la personne responsable de la production et distribution de l’eau (PRPDE)
- des enquêtes et proposition d’action de la PRPDE
- la mise en oeuvre de ces actions pour permettre le respect de la valeur indicative
Toutefois, aucun délai n’est fixé pour un retour en dessous de 0.9 µg/L.
Aucune recommandation de restriction de la consommation n’est émise en cas de dépassement de la limite indicative pour un métabolite non pertinent.
Quels risques pour la santé en cas de dépassement des limites réglementaires ?
Les limites de qualité pour les métabolites n’ont pas de signification sanitaire. Ainsi, un dépassement des limites de qualité ou indicatives indique une dégradation de la qualité de l’eau mais ne signifie pas qu’il y ait un risque sanitaire avéré. Pour savoir si les concentrations représentent un risque pour la santé, les autorités se réfèrent à des valeurs sanitaires qui correspondent à la concentration maximale d’une substance ne présentant pas de risque pour la santé. Cependant, pour de nombreux métabolites, il n’y a pas assez de données pour établir une valeur sanitaire. De plus, cette approche “substance par substance” n’évalue pas, et donc ignore, l’effet combiné de plusieurs substances (effet cocktail).
Selon les recommandations des instances sanitaires, l’eau doit être déconseillée à la consommation, par précaution, dans 2 situations :
- en cas de dépassement de valeur sanitaire pour un métabolite pertinent, si elles existent
- en cas de dépassement de la limite de qualité pour un métabolite pertinent, en l’absence de valeur sanitaire
Aucune recommandation de restriction de la consommation n’est émise en cas de dépassement de la limite indicative pour un métabolite non pertinent.