ESA-métolachlore

Qu’est-ce que l’ESA-métolachlore et pourquoi il y en a dans l’eau ?

Le métabolite ESA-métolachlore est une substance issue de la dégradation du S-métolachlore. Le S-métolachlore est un herbicide qui a été très utilisé pendant des années, principalement sur des cultures de maïs, soja ou tournesol. Il est interdit en France et en Europe depuis 2024. 

En 2022, plus de 4  millions de français ont été alimentés au moins une fois par une eau non conforme à cause de la présence de l’ESA-métolachlore.

Bien que les risques de contamination des nappes phréatiques étaient connus depuis au moins 2004, le suivi de l’ESA-métolachlore dans l’eau potable ne s’est véritablement généralisé qu’à partir de 2021. 

Quelles limites réglementaires pour l’ESA-métolachlore dans l’eau ?

Les limites applicables aux métabolites sont différentes selon qu’ils sont classés comme pertinents ou non pertinents. Un métabolite est pertinent “s’il y a lieu de considérer qu’il pourrait engendrer un risque sanitaire inacceptable pour le consommateur”. 

L’agence de sécurité sanitaire (Anses) est chargée de l’évaluation de la pertinence des métabolites. En 2019, l’Anses a réalisé une première évaluation dans laquelle elle conclut à la pertinence de l’ESA-métolachlore, par précaution, car des données importantes sur sa toxicité étaient manquantes ou de faible qualité. 

Dans une nouvelle évaluation réalisée en 2022, l’Anses conclut cette fois que l’ESA-métolachlore est non pertinent car les incertitudes identifiées en 2019 sont levées par de nouvelles études fournies par Syngenta. 

Toutefois, que ce soit en 2019 et 2022, l’Anses n’a jamais pu évaluer des aspects importants de la toxicité (cancérogénicité, potentiel perturbateur endocrinien) faute de donnée disponible sur l’ESA-métolachlore. L’ESA-métolachlore est donc considéré non pertinent alors qu’aucune évaluation de son potentiel cancérigène n’a été faite.

Ainsi, les limites applicables au S-métolachlore ont évolué en 2023:

  • Jusqu’en 2022, la limite de qualité réglementaire de 0.1 µg/L s’appliquait car l’ESA-métolachlore était alors considéré comme un métabolite “pertinent”. Si les concentrations en ESA métolachlore dépassaient 0.1 µg/L, l’eau était considérée “non conforme”
  • Depuis 2023, la limite “indicative” de 0,9 µg/L s’applique, l’ESA-métolachlore étant dorénavant jugé “non pertinent”. Un dépassement de cette limite indicative n’est pas considéré comme une “non conformité”, ce qui explique pourquoi les bilans depuis 2023 indiquent partout 0% de non conformité. 
Quels risques pour la santé en cas de dépassement des limites ?

Très peu d’études sont disponibles sur l’ESA-métolachlore.

Le S-métolachlore, la substance dont est issue l’ESA-métolachlore, est classé cancérigène “suspecté”. Mais, la toxicité chronique de son métabolite ESA-métolachlore, et en particulier ses effets cancérigènes, ne sont pas connus. L’Anses n’a pas encore déterminé de valeur sanitaire pour l’ESA-métolachlore.