Les PFAS

Que sont les PFAS et pourquoi il y en a dans l’eau ?

PFAS est l’acronyme de «Per and Poly Fluoro Alkyl Substances». Ce sont des substances synthétiques (elles n’existent pas à l’état naturel) qui contiennent au moins un atome de carbone lié à 2 ou 3 fluors (-CF2- ou -CF3). La famille des PFAS regroupe des milliers de molécules de forme et de taille extrêmement variées mais ayant toutes la même propriété d’extrême persistance dans l’environnement car la liaison carbone / fluor est très forte.

Les PFAS sont utilisées depuis les années 1950 dans de nombreux secteurs d’activités pour leurs propriétés antiadhésives, imperméabilisantes et résistantes aux fortes chaleurs. Elles sont présentes par exemple dans de nombreux textiles, emballages alimentaires, lubrifiants, composants électroniques mais aussi dans des pesticides, des mousses anti-incendies et des fluides réfrigérants.

Les substances PFAS sont soit émises directement dans le milieu (pesticides, eau contaminée par des mousses anti incendies contenant des PFAS, fuite de fluides réfrigérants PFAS, rejets industriels contenant des PFAS) soit au cours du cycle de vie des objets contenants des PFAS. C’est notamment le cas lors de l’enfouissement et l’incinération de déchets ou l’épandage de boues de station d’épuration. En effet, les PFAS ne sont pas détruites aux températures usuelles d’incinération (elles se dégradent en PFAS plus petites) et ne sont pas éliminées au cours des traitements d’eaux usées.

En raison de leur utilisation importante et de leur persistance, les PFAS s’accumulent dans tous les compartiments de l’environnement (air, sol, eau). Elles se retrouvent donc dans l’eau captée pour produire de l’eau potable. Certaines zones sont plus contaminées en raison de rejets industriels ciblés, de l’utilisation de mousse anti-incendie contenant des PFAS ou en raison d’épandage de boues contaminées par des PFAS.

La carte Dans Mon Eau montre les résultats des 20 PFAS réglementés dans l’eau destinée à la consommation humaine.

Qu’est ce que le TFA ?

L’acide trifluoroacétique, aussi appelé TFA, est une toute petite substance PFAS, extrêmement stable et donc particulièrement persistante dans l’environnement. Le TFA est utilisé en tant que matière première par l’industrie. C’est également un produit final de dégradation de nouveaux PFAS, en particulier de pesticides et de fluides réfrigérants PFAS. Comme le TFA est très mobile et très soluble dans l’eau, il se retrouve dans tous les milieux. C’est de loin le PFAS que nous retrouvons le plus dans l’eau que nous buvons bien qu’il ne soit pas réglementé à ce jour ! Les résultats disponibles pour le TFA dans l’eau potable seront ajoutés à la carte dans une prochaine évolution.

Plus d’informations sur https://www.generations-futures.fr/faq/tfa/

Quelles limites pour les PFAS dans l’eau ?

La directive européenne 2020/2184 relative à la qualité des eaux destinées à la consommation humaine (EDCH) établit la limite de 0,1 µg/L pour la somme des concentrations de  20 PFAS1. Cette limite est applicable à partir du 12 janvier 2026.

Cette directive a été retranscrite dans le droit français par l’arrêté du 30 décembre 2022 modifiant l’arrêté du 11 janvier 2007 relatif aux limites et références de qualité des eaux brutes et des eaux destinées à la consommation humaine. Depuis le 1er janvier 2023,  la limite de qualité réglementaire de 0,1 µg/L pour la somme de 20 PFAS est donc applicable en France. Néanmoins, il n’y a pas d’obligation de rechercher ces 20 PFAS dans l’eau distribuée ce qui explique l’absence de données disponibles pour de nombreuses unités de distribution.

En janvier 2024, la Direction générale de la santé (DGS) a saisi le Haut Conseil de la santé publique (HCSP)  concernant la gestion des risques sanitaires liés à la présence de PFAS dans les EDCH. Celui-ci a rendu son avis en juillet 2024. Tout d’abord, il recommande de considérer une non-conformité à partir de 3 analyses consécutives dépassant la limite réglementaire. En cas de non-conformité, les autorités sanitaires devraient restreindre la consommation de l’eau. Par ailleurs, le HCSP recommande d’appliquer également la limite de 0,02 µg/L pour la somme des 4 PFAS les plus préoccupants (PFOA, PFOS, PFNA et PFHxS). Cette dernière recommandation s’appuie sur l’exemple d’autres pays européens (Allemagne, Danemark, Suède, Pays-Bas…) qui ont déjà défini des limites plus exigeantes sur la somme de ces 4 PFAS. 

Dans les faits, nous constatons que les autorités sanitaires n’appliquent pas les recommandations du HCSP car celles-ci n’ont pas été reprises dans l’instruction n° DGS/EA4/2025/22 du 19 février 2025 qui encadre la gestion des risques sanitaires liés à la présence de PFAS dans l’eau  distribuée. Cette instruction prévoit la réalisation d’une campagne d’analyses comprenant a minima 10 résultats pour établir une non-conformité à la limite de qualité réglementaire de 0,1 µg/L pour la somme de 20 PFAS. Par ailleurs, la limite de 0,02 µg/L pour la somme des 4 PFAS n’est pas citée dans l’instruction et n’est donc pas prise en compte pour statuer sur la conformité de l’eau. 

Enfin, l’ANSES (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) a établi en 2017 des valeurs sanitaires maximales pour 7 PFASdans l’eau de boisson. Par exemple, la valeur sanitaire maximale du PFOA est à 0,075 µg/L. Ces valeurs sont définies à partir des valeurs toxicologiques de référence chronique par ingestion et sont en cours de révision pour prendre en compte les données toxicologiques les plus récentes. 

1 PFOS, PFOA, PFHxS, PFNA, PFDA, PFHxA, PFBA, PFHpA, PFPeA, PFUnDA, PFDoDA, PFTrDA, PFBS, PFPeS, PFHpS, PFNS, PFDS, PFUnDS, PFDoDS et PFTrDS

2 PFOS, PFOA, PFHxS, PFHxA, PFBA, PFHpA, PFBS

Quels risques pour la santé en cas de dépassement des limites ?

Un dépassement prolongé des valeurs sanitaires mais également de la limite de qualité réglementaires et de la limite recommandée par le HCSP est préoccupant. 

Une exposition aux PFAS a été associée à des risques accrus de certains cancers (rein, testicule), de troubles hépatiques, d’augmentation du cholestérol, et d’impact sur le fœtus (faible poids à la naissance et affaiblissement du système immunitaire). Les deux substances PFAS les plus étudiées sont le PFOA et le PFOS, la première étant catégorisée cancérogène certain (groupe 1) et la seconde cancérogène possible (groupe 2B) par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC).  Les populations les plus vulnérables d’après le Haut Conseil de la santé publique sont les femmes en âge de procréer, les femmes enceintes et les nourrissons.

En 2019, le conseil nordique des ministres estimait qu’environ 3% de la population européenne est particulièrement exposée aux PFAS avec des frais de santé entre 52 et 84 milliards d’euros par an

La principale source d’exposition pour l’Homme est l’alimentation (produits de la mer, viande, œuf) incluant l’eau potable si celle-ci est contaminée au-delà des limites. Il est donc nécessaire de réduire au maximum les concentrations en PFAS dans l’eau potable..